Lundi, 15h30, fin de récré, le troupeau entre en classe et se déshabille tranquillement, et moi aussi je me dégante, désécharpe, tout ce qu'il y a à poser, parce que la cour est en plein vent et... ça caille.
Alors que justement je suis emmêlée dans cet amas de laine (mais où est donc la sortiiie ?), une petite voix chevrotante parvient à mes oreilles :
- Maîtresse, je me sens pas bien...
Je me retourne à peine, toujours empêtrée, (au secours, je suis coincée !), tentant désespérément de dénouer mes cheveux de l'écharpe (ça tiiiire !)
- Fonce aux toilettes, vite !
1 bonne minute plus tard (il leur en faut, du temps, pour s'installer, pfff) :
- Maîtresse, je me sens pas bien...
C'est à ce moment que je prends conscience de "à qui appartient la voix". Mais il est encore là, lui ?
- Fonce aux toilettes, je te dis ! Va vite, cours !
Mais non, il reste planté là, à 2 m de la porte, blanc comme un linge le loupiot, et je vois tout d'un coup ce qui le freine : la masse de ses petits camarades qui prennent le temps de se déhabiller en discutant, tranquillou, pile devant la porte d'entrée bien sûr. Je comprends qu'il ne se sente pas la force de se frayer un chemin s'il ne "se sent pas bien". D'un seul bond ( et hop ! Laissez passer SupeeeeerMaîtresse !) je rejoins la porte et bouscule mon petit monde pour dégager un passage vers la sortie.
- Allez, file vite aux toilettes, dépêche-toi !
Et à ce moment là mon loulou toujours piqué debout penche dangereusement vers l'avant, mais il va nous tomber dans les pommes en plus ??? Je le rattrape à bout de bras et l'assied tel un pantin sur la première chaise venue, il n'est même plus blanc mais carrément cireux, le regard vitreux, dans le vide.
- Hééé, dis donc, ça va ? Regarde-moi ! Ohé ? Tu m'entends ?
- J'vois tout noir... (murmure-t-il)
Wow wowowowow, ah non mais non, hé ? ho ?! Ohé ? Je lui tapote la joue.
Alors il tourne enfin la tête vers moi, ah non, il tourne même plus que ça, il m'a dépassé là, il est tout mou, mais qu'est-ce qu'il me fait là ???
BEEEUUAAARRRRSSCCCHHHPPLOOOORFFFFF.
Ah. OK.
Diamètre de l'impact : 2 mètres environ.
Consistance hétérogène. Je vous épargnerai le contenu, d'accord ?
Bottines de la maîtresse, ok
Pantalon de la maîtresse, ok
Paillasson, ok
Bas de l'armoire, de la porte, du mur, ok
(Partout, y'en a partout...)
Enfants alentour qui crient beurk et se bouchent le nez en rigolant, ok
Serpillère, euh, serpillère pas ok du tout. Pas de serpillère dans la classe.
Bon.
1- Allez tous vous assoir à vos places, je ne veux plus personne debout, non, pas toi, toi tu restes sur la chaise, c'est pas la peine d'aller redécorer ailleurs (et tu te cramponnes, ne va pas tomber dedans en plus !)
2 - Toi là-bas près du lababo, va me chercher du papier essuie-mains, pleiiiiiin s'il-te-plaît.
3 - M'attacher les cheveux, et inspirer un bon coup.
4 - Fermer la bouche et serrer les dents, hop, mise en apnée...
Au boulot. Surtout ne pas en rajouter une couche moi-même. Reprendre ma respiration en tournant la tête.
Absorber le plus gros de mon bas de pantalon, essuyer mes chaussures.
Un p'tit coup d'éponge à tableau pour terminer...
Bouarf.
Vive la rentrée !!!
(penser à prendre une éponge à tableau neuve)