Fait divers
(Lui : yeux écarquillés et mine réjouie, excité, enfin la vraie vie ressemble à celle des séries américaines.)
- Maîtresse, tu sais qu'il y a eu un meurtre à côté de chez moi ce week-end ? Oui, un vrai MEURTRE !
(Moi : yeux écarquillés et stupéfaction totale)
- ?????? QUOI ?
(Eux : certains acquiescent, oui, c'était dans le journal hier, maman m'y a dit, etc...
D'autres sont aussi surpris que moi.)
Et il nous raconte, il mime, la bagarre, les détails, c'est un mec de 27 ans qui s'est fait tuer, par des "grands de 50 ans", entre la boîte de nuit et le bar, le coup de couteau de bas en haut (renseignements pris, le type se serait fait ouvrir au cutter, règlement de compte qu'ils disent), il raconte ça avec un tel détachement, petit sourire de celui qui sait quelque chose que les autres ignorent, conscient que ça lui donne une importance certaine (quoique éphémère), il a les yeux qui brillent, il joue tous les rôles à la fois, je suis médusée, j'ai l'impression qu'il a carrément assisté à la scène. D'ailleurs je lui demande si c'est le cas.
- Non, non, mais c'était écrit dans le journal !
Le grand frère a dû expliquer ça avec moult détails, d'autant plus parlants pour lui que c'est effectivement arrivé dans sa rue.
Les autres, ceux qui comme moi tombent des nues, écoutent, abasourdis, silencieux, conscients de la gravité de la chose -c'est arrivé en vrai, pas à la télé- puis peu à peu réagissent.
- Quand même, c'est pas très gentil, ce qui s'est passé.
(Vouich, on peut dire ça comme ça...)
- En plus, il faut les laisser vivre, les gens, hein maîtresse ?
Oui, ben oui, moi je suis tout à fait d'accord avec toi, hein...