Improviste
Tous les ans c'est pareil, le papier annonçant l'entretien annuel de la chaudière me dit que la visite aura lieu le tant... et c'est systématiquement un jour d'école.
Tous les ans j'appelle l'agence pour décaler le rv, que non, je ne peux (veux) pas laisser mes clés à un voisin, que je ne peux être là que le mercredi pis c'est tout.
Tous les ans, un nouveau rv est pris pour 15 jours plus tard, un mercredi.
Et tous les ans avant de raccrocher, la gentille secrétaire me dit qu'elle va noter "mercredi" dans l'ordi pour l'année prochaine.
Comme de par hasard, cette année le papier qui arrive me demande d'être chez moi... jeudi entre 8h et 12h.
La semaine précédente, j'oublie d'appeler l'agence.
Lundi, j'oublie d'appeler l'agence.
Mardi, j'oublie d'appeler l'agence.
Mercredi, je traînasse, douche, p'tit déj, internet, corrections, et à 11h je sursaute : 'tain, j'ai pas appelé l'agence des chaudières ! Aussitôt pensé aussitôt fait.
- Bonjour madame, le contrôle de ma chaudière doit avoir lieu demain mais je ne pourrai pas être là, blablabla.
- D'accord, attendez je regarde. Vous êtes chez vous en ce moment ?
- Euh oui ? (hahem)
- J'ai quelqu'un de disponible, là tout de suite, c'est possible ?
- Euuuuuh oui ? (haheeeeeeem)
- Bien, le technicien arrive, au revoir madame !
WOAOW.
L'agence se situe à 4 portes de la mienne. Va pas mettre longtemps, le gars.
Coup d'oeil circulaire aux alentours. Appart dans un état pitoyable, genre je n'ouvre à personne de toutes façons (oui, j'eus rangé, mais ça commence à dater hein !) Gros gros bazar.
Bon, j'assume (hahem) (presque.) Ok.
De toutes façons, je n'ai pas de baguette magique, je n'arrive pas à remuer mon nez telle Samantha Stevens, et même si je connais par coeur la formule de Mary Poppins (oui oui oui), bizarrement elle n'a jamais fonctionné (ben évidemment que j'ai déjà essayé !) (même en me concentrant très fort, les choses ne retournent jamais toutes seules à leur place, oui, j'ai essayé aussi) (quoi, pas vous ?)
Bref, c'est le binz' et là présentement je ne peux rien y changer vraiment, question de temps. Le type risque d'halluciner quand il va passer devant la porte de la salle (que non, je ne peux pas fermer, trop de choses autour de la-dite porte !)
Moi ? Je suis en jogging bien bien bien poché aux genoux à cause d'une vilaine tendance à être assise tout le temps en tailleur, marinière débagueulante décolorée et déchiquetée aux manches (oui, elle a au moins 20 ans, mais c'est ma mienne) (je ne la mets plus que pour traîner, quand même), veste polaire cadeau-vente-par-correspondance beigeasse-supra-moche (mais chaude.) Douchée certes mais pas coiffée, les cheveux en vrac total.
Le fou-rire me prend en constatant le tableau, (pas l'temps, pas l'temps, pas l'temps),
un coup de brosse à cheveux rapidos,
coup d'oeil sur les genoux de mon jogging (j'vous jure, de quoi lancer une nouvelle mode !), rires, vite la cuisine (où se trouve la chaudière) : coup d'éponge sur la table, là où le gars va poser sa malette,
coup d'oeil au troupeau de mouton derrière la porte et sous l'escabeau, rires, pas le temps...
... DING DONG !
Wow 'tain. La te-hoooooon...
J'ouvre la porte à un clône de Bruno Putzulu (aaaargh...), absolument charmant. Avec un grand sourire gêné, je lui précise que je suis bien désolée pour le désordre...
Grand sourire aussi (hiiiiiiii), il me répond qu'il y a pas d'mal, qu'il en voit bien d'autres.
(hum, ha bon ? il y a d'autres gens aussi bordéliques que moi ? Je ne pensais pas ça possible !) (ou du moins, quand on sait qu'on va ouvrir la porte, on en fait un minimum pour que ce soit présentable, quoi !!!) (quand on a le temps...)
Et pendant que Bruno Putzulu s'occupait de la tension de ma chaudière, je suis retournée m'assoir en tailleur sur le clic, histoire de parfaire mes poches-aux-genoux, et j'ai repris mes corrections... intérieurement totalement éclatée de rire.
Tant pis, quoi !